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Portfolio – L’Anthropocène en tableaux paysagers

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De loin, elles apparaissent à l’œil non averti comme des peintures d’art abstrait. Mark Rothko est d’ailleurs l’un des grands inspirateurs de Tom Hegen. Mais, plus on s’approche de ses photographies, plus les détails apparaissent: une tractopelle, un ponton, un arbre… Ils font comprendre qu’il s’agit bien des éléments d’une réalité concrète. «J’aime cette confusion esthétique que peuvent susciter mes images, confie cet habitant de Augsbourg en Allemagne. J’ai initialement été formé aux arts graphiques. Cela a une influence sur l’importance que j’accorde à la géométrie.»

TEXTE | Geneviève Ruiz
IMAGES | Tom Hegen

Tom Hegen a entamé son travail colossal de paysages vus du ciel il y a six ans. Il visite alors une exposition sur l’Anthropocène et découvre, en même temps que cette notion, l’immense impact de l’activité humaine sur la Terre, révélé par des images satellites.

«J’ai décidé de montrer ces bouleversements de nos écosystèmes, mais avec ma propre perspective, plus proche du sol.» Le photographe utilise toutes les techniques de prises de vue aériennes existantes, qu’il choisit en fonction des caractéristiques de son objectif: avion, ULM, hélicoptère, drone ou simple pont. Il sélectionne ses sujets suivant leur intérêt visuel, mais aussi pour leur capacité à illustrer les transformations propres à l’Anthropocène. «Je ne me considère pas comme un militant de l’environnement. Mais l’une des principales motivations de mon travail d’artiste consiste à montrer la relation que l’humanité a construite avec la nature et comment elle en fait partie. Je souhaite faire comprendre à quel point tout est interconnecté. Les ressources que nous consommons doivent être extraites quelque part. C’est ce que révèlent mes images qui, c’est mon grand espoir, pourraient peut-être servir d’inspiration pour entamer un processus de changement.»

Infrastructures de pisciculture, mines de charbon, serres espagnoles ou tulipes hollandaises, ce portfolio, maintes fois primé, comprend plus de 30 séries. Il est toujours en cours de construction. La dernière production, intitulée Lockdown, capte des avions cloués au sol par la crise du coronavirus. Ils deviennent alors des séries d’oiseaux géométriques étrangement parqués le long de lignes abstraites.


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